Ma nation est plus forte que la tienne...

L’élément central de notre recherche se doit d’être la présentation d’une idée architecte. Avant de présenter l’idée, il faut démontrer que celle-ci est belle et bien architecte.

D’abord, mon idée, la supériorité nationale comme moteur de l’Histoire, est architecte, car il est possible de la répertorier dans le temps. Ici, l’idée présentée apparait dans le colonialisme du XVIIe siècle et dans l’idéologie nazie de la Deuxième Guerre mondiale. Par le fait même, cette idée est supportée par les théories de penseurs propres à chacune de ses époques. L’idée de ma présentation est donc architecte, car elle est suprahistorique.

Ensuite, l’idée de ma présentation permet de structurer la vision du monde et de lui donner un sens. En effet, il est question ici du mouvement de l’Histoire causé par les frictions entre les nations, cultures, populations.

Finalement, l’idée choisie englobe différents domaines d’étude. Pour n’en nommer que quelques-uns, nous pourrions avoir la philosophie de l’Histoire, l’anthropologie, la sociologie, etc. Le tout, bien évidemment, sans parler de toute la production artistique lié au nationalisme et à l'idée de nation supérieure aux autres.

En sommes, mon idée est architecte, car elle est suprahistorique, elle structure la vision du monde et de nous-même en plus de toucher à différents domaines d’étude.     

Dans les dernier jours, j'ai eu l'occasion de peaufiner ma recherche et de mettre en place les éléments manquants à ma présentation.

D'abord, mes deux penseurs seront Kant et Lévi-Strauss. Kant ayant déjà été cité dans un article précédant, je m'attarderai à Lévi-Strauss. Dans la conception de La supériorité nationale comme moteur de l'Histoire, j'ai établi un lien entre l'ethnocentrisme abordé par Lévi-Strauss dans Race & Histoire et mon idée architecte. Dans le texte, l'ethnocentrisme se rattache essentiellement à la considération que n'est humain que ce qui appartient à ma nation. À cela s'ajoute le refus et le rejet systématique de tout ce qui semble inconnu, incompréhensible ou incompatible avec la nation représentée. En lien avec l'idée architecte, l'ethnocentrisme devient donc la représensation de la supériorité nationale qui, ici, est l'instigatrice du mouvement de l'Histoire par sa tentative d'uniformiser les nations/cultures à proximité et à imposer sa propre nation/culture. 

À la lumière de ce penseur, qui plus est d'après-guerre, j'ai décidé de prendre comme second contexte historique la montée de l'idéologie nazie en Allemagne durant le XXe siècle et son application dans le conditionnement du peuple et la justification de la guerre. En terminant ma présentation des contextes historiques et des penseurs avec ce point, je pourrais plus aisément faire un lien avec l'oeuvre d'art choisie qui sera, probablement, une affiche de propagande nazie prônant la supériorité de la race Aryenne. 

Dans le cadre de notre projet, nous nous devons, en plus de situer notre idée architecte dans deux contextes historiques et l'associer à deux penseurs, de trouver une oeuvre d'art reflétant notre idée.

Je dois avouer avoir beaucoup de difficulté à trouver une oeuvre satisfaisante. Mon idée architecte étant « La supériorité de la nation comme moteur de l'Histoire », j'ai du mal à identifier une oeuvre qui soit éloquente de mon projet.

À défaut de savoir si les photographies peuvent être acceptées, j'ai pensé à une photo d'Hitler durant l'un de ses discours. Nous aurions là une excellente représentation de l'idée de supériorité nationale et de l'impact qu'elle a sur les peuples, mais aussi sur l'Histoire.

Dans le même ordre d'idée, j'ai pensé à une affiche de propagande nazie, vantant la famille aryenne idéale. C'est à mon avis une bonne représentation, encore une fois, de la présence de la supériorité nationale et de l'idéal à atteindre. On pourrait même voir, comme dans la précédente avec Hitler, une représentation de tout l'impact de cette idée architecte sur la société, notamment allemande, mais aussi sur l'Histoire. 

Malgré tout, ces deux oeuvres me paraissent peu satisfaisante. C'est pourquoi je vais continuer ma recherche et tenter de trouver une oeuvre qui ait une signification et un lien plus profond avec mon idée architecte. Sinon, j'ai pensé à la reddition de Vercingétorix de Lionel Royer, mais puisque les conquêtes romaines risquent de me servir de contexte historique pour mon idée, je trouve le lien redondant.

À la suite de la période de recherche à la bibliothèque, j'en suis venu à l'éclaircissement de mon idée architecte.

D'abord, j'effectuais une petite recherche dans la pensée de Montaigne, me rappelant mon second cours de philosophie où j'avais lu un passage dans lequel le philosophe se questionnait sur la relation à y avoir avec les autochtones d'Amérique et les Européens. En fouillant dans un livre(1), je trouvais l'objet de ma recherche dans le chapitre « Des cannibales »(I, 31) apparaissant dans les Essais. Dans une vision de la morale, Montaigne prétend qu'on ne peut affubler du titre de « barbare » les autochtones sous la simple prétention que leur culture diffère de la nôtre. Ensuite, on nous présente les trois différentes significations du terme « barbare » selon Montaigne. Le premier référant à l'ethnocentrisme, le second à une approche d'un idéal d'humanité et le troisième à une distinction selon différents niveaux de barbarie. Ces derniers points me donnèrent matière à réfléchir.

Dans un autre temps, j'eu une pensée pour Kant et son Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique. L'intérêt de l'ouvrage relevait d'un passage où il est question des « bergers d'Arcadie », un peuple vivant sur une île sans guerre, sans maladie et sans intempérie dont la seule occupation est de veiller aux soins de leurs troupeaux. Dans une perspective où, pour évoluer et avancer dans l'Histoire comme le conçoit Kant, les Nations sont à l'opposé des habitants d'Arcadie, elles ont donc des frictions avec leurs voisins. Donc ici, la supériorité de la nation deviendrait un « moteur » de l'Histoire.

Mon idée architecte prendrait donc l'orientation de La supériorité de la nation comme moteur de l'Histoire plutôt que simplement La supériorité de la nation.

(1) CAUDRON, Hervé. Apprendre à philosopher avec Montaigne. Paris, Ellypse, 2013, 271 pages

Dans une perspective la supériorité d'une nation sur une autre, la pertinence du concept de « Race » s'impose.

Lorsque l'on s'intéresse à l'origine étymologie du terme, deux défitions m'apparaissent très intéressantes. La première, quoique simple, nous propose une définition très près de la la pensée actuelle répandue : « ensemble des ascendants et des descendants d'une même famille, d'un même peuple » (1). La seconde, plus intéressante, amène l'idée de distinction : « population humaine qui se distingue d'autres populations par la fréquence relative de certains traits héréditaires »(2). Le concept de distinction est pertinent dans le contexte, car il peut laisser entendre un rapport, de force plus particulièrement, entre les populations humaines concernés. C'est là que l'on peut voir surgir une idée de supériorité, où une nation(dans le cas présent, une population) cherche à faire valoir sa société, sa culture et son peuple comme supérieur à ses voisins. Le concept de race alors se présente de façon à être un élément clé de la supriorité nationale, au vue de la distinction entre un peuple et un autre.

Dans le même ordre idée, on peut s'interroger sur la conception même que les différentes nations se représentent à propos de l'idée de race, bien entendu, mais aussi de celle du racisme. L'Européen du XVIIe siècle a-t-il l'impression de dénigrer l'autochtone du Nouveau Monde ou, au contraire, se voit-il comme un agent de la civilisation, seul détenteur de la vérité ? Encore une fois, on voirtapparaitre la notion de distinction. Une ligne se trace entre l'homme et le sous-homme que l'on tente d'éléver. Il existe donc un réel rapport, sans être de force, peut-être d'autorité, entre les deux populations en contact.

Je vous laisse donc sur cette image, illustrant mon dernier point:

(1) Outils et Ressources pour un Traitement Optimisé de la LANGue(ORTOLANG) : http://www.cnrtl.fr/etymologie/race

(2) Ibid.

Dans ma recherche d'idées architectes, je suis tombé sur une idée d'Edward Said voulant que l'idée que chaque nation se fait d'elle-même est différente des autres. J'en suis venu à m'intéresser à l'idée de nation, mais aussi à celle de supériorité. Comme quoi chaque nation se croit supérieur aux autres. Dans cet ordre d'idée, ma recheche m'a mené aux travaux d'Alain Finkielkraut, de Claude Lévi-Strauss et de Jules Michelet. L'idée de la supériorité nationale m'intéresse beaucoup, surtout avec la facilité avec laquelle nous pouvons la placer dans l'Histoire, comme dans le cas de Rome contre les barbares ou du colonialisme du XVIIIe siècle.

Bien évidemment, il me reste à resserrer ma recherche face à la thématique, puisque l'ambiguïté du sujet amène à couvrir largement des thèmes comme le nationalisme et la race. De plus, il suffira de s'assurer d'avoir un contenu conséquent afin de me permettre d'élaborer amplement sur l'idée.

J'ai également eu un intérêt face à l'idée de la culturel comme concept naturel chez l'Homme. Mais ma précédente idée m'intéresse trop pour plonger intensément dans la recherche de la seconde.